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Cearriveenfrance
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Le devoir du lundi de Lakevio...devoir que je n'ai pas fait et pour cause

Le devoir du lundi de Lakevio...devoir que je n'ai pas fait et pour cause

Hier, c'était le jour du devoir chez Lakevio.
. Nous devions nous inspirer de ce tableau pour écrire quelque chose, tableau qui s'appelle "les 3 sœurs". Comme elle me le suggère, je vous montre donc le commentaire que j'ai déposé sur son article du jour.

Une vieille fille ( contraire de fillette), arrive penaude devant la maîtresse ce lundi matin
- maîtresse, je n'ai pas fait mon devoir ce matin.
Ce à quoi la maîtresse répondra :
- et pourquoi donc n'as-tu pas fait ton devoir ?..
- parce qu'il y a une fille en trop dans le tableau
- ça te gênait ?
- oui, car j'ai 3 sœurs. Avec moi ça aurait fait 4 et pis, nous ne nous sommes jamais allongées dans l'herbe à 3..L'ainée n'était déjà plus de ma génération et la cadette trop jeune..
- et ton imagination, tu ne pouvais pas la faire travailler ?
- j'ai bien essayé cette nuit de le faire mentalement, mais, le silence m'oppressait, le moindre bruit me faisait sursauter. J'avais mes nerfs à vif
- et bien, si c'est la raison que tu donnes pour ne pas avoir fait ton devoir, je t'ordonne de laver toutes tes vitres et tes rideaux
- je l'ai fait et vais de ce pas étendre mes rideaux..

Tenez, je vais vous parler de mes 3 sœurs pendant qu'on y est. Je sais qu'au moins une me lit, donc je vais prendre des pincettes pour parler d'elle. Remarquez, je n'ai pas trop de raisons de dire du mal d'elle, mis à part que, lorsque nous dormions ensemble enfants, je me retrouvais souvent sur le sol glacé parce qu'elle me pinçait le nez, disant que je ronflais et l'empêchais de dormir. Ca avait le don de m'énerver au plus haut point Je me demande même si je m'enveloppais dans une couverture.

Elle, comme moi, sommes toujours à l'heure actuelle de très mauvaises coucheuses ou dormeuses. Elle, comme moi, quittons souvent le lit conjugal pour aller dormir ailleurs.

Cette sœur est l'ainée de la fratrie. C'est avec elle que je correspondais quand j'étais collégienne, puis lycéenne, puis jeune mariée, à qui je racontais tout...ou presque tout, surtout les misères que nous faisait notre mère - paix à son âme - D'ailleurs, je pourrais encore vous mettre en ligne d'autres lettres, pas piquées des vers où je lui racontais ma vie d'élève, même mes fredaines et "mes cuites".

Cette sœur, donc, a dû abandonner ses études pour "monter" travailler à Paris, suite au décès de notre père. C'est là qu'ont atterri la plupart des jeunes de nos villages morvandiaux. Mon frère ainé y a fait aussi carrière. Elle n'avait guère plus de 18 ans. Pauvre, savez-vous qu'elle a été hébergée par l'Armée du Salut ? Pas heureuse, pas malheureuse non plus. Mais là, pas question d'amener des mecs le soir dans la chambrette. Même pas question de voir la queue d'un...pardon, un cheveu d'un la raccompagner. Elle m'a raconté qu'un jour, elle avait été surprise par la surveillante en chef qui l'avait menacée de la renvoyer si ça se reproduisait. Faut dire que ma sœur ainée était très jolie et avait beaucoup de succès auprès des  mecs..J'ai toujours pensé que c'était la plus jolie de nous toutes. En plus, elle était très avenante, très affable avec les gens. Vous voulez la voir en photo ?

Ma mère, quand elle lui écrivait, c'était toujours pour lui demander d'acheter un vêtement pour l'un d'entre nous ou pour lui demander des sous. J'ai plusieurs lettres où j'y fais allusion.

Je me suis toujours demandé comment elle arrivait à joindre les deux bouts, seule à Paris. Faut croire qu'elle a toujours su mieux compter que moi et gérer son petit budget. C'est elle qui m'a hébergée pendant 9 mois, jusqu'à ce que je me marie. Ca a "frité" entre nous. Je me rends compte que, pour elle, ça a dû être encore plus difficile, surtout pour l'intimité avec son chéri de l'époque - C'est elle qui m'a aiguillé vers un mec syndicaliste pour me faire entrer à la Sécu où elle a fait toute sa carrière. Lui a t'elle fait les yeux doux ? Je ne sais point.

La cohabitation n'a pas été facile, comme dit plus haut, ayant chacune un caractère très différent, surtout moi, avec mon caractère de cochon et elle qui, probablement, voulait jouer à la grande sœur responsable d'une irresponsable. Quand mon chéri venait me voir, nous couchions tous les deux dans le minuscule salon qui me servait de chambre, le chéri sur le sol sur un matelas mince comme une feuille à cigarette et moi, sur le lit de camp...ou vice versa ou point vice versa. Le matelas, c'est elle qui l'avait acheté, voulant que je sois mieux installée sur mon lit de camp bleu.

Mais, dans l'ensemble, ça allait, mais, il n'eût pas fallu que cela dure des années. J'ai eu de la chance de l'avoir, me sentant moins seule, loin de mon chéri, chéri qui n'a pas voulu chercher du boulot dans la capitale. C'était au delà de ses forces. Pour ça aussi que j'ai maintenant une retraite de misère quand, en me mariant, j'ai quitté la sécu pour partir en province et ai vécu pendant des années de petits boulots, voir pas de boulot. Pour moi aussi, c'était au delà de mes forces de faire des allers-retours incessants, dans l'attente d'une possible mutation en province. Voilà ce que c'est que l'insouciance et l'inconscience de la jeunesse.

Et me voilà, 50 ans après, à maudire un président qui gèle nos retraites, même une toute petite retraite de misère comme la mienne, sous prétexte qu'un couple de retraités vivants, ça fait désordre à l'heure actuelle avec le déficit abyssal de notre pays. Il voudrait même, je pense, nous affamer, voir nous piquer comme de vieilles carnes qui ne servent plus à rien. Ce président estime qu'un couple qui a 2 retraites fait partie des nantis, même si ce ne sont que 2 retraites de smicards. Mais, il rabâche tellement que nous ne servons plus à rien, que ceux qui ont trimé toute leur vie doivent laisser la place aux jeunes, que, forcément, à force de nous seriner ça à longueur de journée, des esprits chagrins finissent par penser qu'un vieux, c'est mieux au cimetière...Quoique, vous avez vu, je n'ai même plus droit au cimetière de mon enfance, je vais devenir pour l'éternité une SDF ou alors avoir un domicile que je n'aurai pas choisi, ni mon mari qui a accepté de me suivre ou de me précéder là où j'irai. 

Bref, revenons à ma soeur ainée. J'ai toujours gardé la sale manie d'aimer emprunter les petits chemins détournés pour aller d'un point A à un point B....

Par la suite, c'est elle qui a toujours fait le lien entre tous les membres de la famille, c'est elle qui prend toujours des nouvelles des uns et des autres. Je suppose que, sans elle, il serait probable que je n'aurais plus eu de nouvelles de certains. Quand je pense qu'il a fallu le décès de notre mère pour que je me rabiboche avec un de mes frères au caractère de cochon, comme moi. Non, pas comme moi, pire que moi. Comme on dit, peut-être que lui aussi a fini par mettre de l'eau dans son vin, comme je l'ai fait moi-même. Tiens, au fait, à propos de vin, ma belle-soeur, la veuve de mon frère ainé, m'a dit que, la 1ere fois où elle est venue à la maison, j'étais en train d'éplucher des légumes et que je m'étais versé un verre de vin rouge. Je suppose que, dans ce vin, j'avais ajouté de l'eau. A l'époque, pas de sirop de grenadine. J'ai l'impression qu'elle ne m'a pas cru. Je sais qu'il m'arrivait de siroter les samedis soirs, dans les bals quelques blancs limés qui ne coûtaient pas cher, mais, de là à dire que j'étais ivrogne, faut pas exagérer. Je voulais sûrement me la jouer fille émancipée, dégourdie, prenant exemple sur toutes ces actrices  dans les films toujours le verre à la main. Je voulais certainement me donner du courage pour affronter les mecs, pour leur faire croire que je n'étais pas aussi godiche que j'en avais l'air. J'ai toujours eu la manie de vouloir imiter "les démons" plutôt que les saints, saints, saintes nitouches.

Je crois que c'est ma sœur ainée qui ressemble le plus à notre père qui était très gentil, qui n'aimait pas les conflits. Cette sœur déteste effectivement les guéguerres familiales. Elle fait tout pour arrondir les angles, ne remet jamais d'huile sur le feu, comme je serais parfois encline à le faire.  Me demande si ma 2e sœur, ce n'est pas elle qui ressemble le plus à notre mère..quoique, ma mère n'était pas rancunière comme moi, comme ma 2e sœur, comme un de mes frères. Nous avons dû hériter ça d'une autre branche familiale.

Savez-vous que ma sœur a toujours été perturbée par les coups de fil de ma mère, que ça la stressait ? C'était une fois de plus, sur elle, l'ainée, que ma mère déversait ses colères, ses frustrations, ses rancoeurs... Ma mère ne s'y aventurait pas trop avec moi et avec ma 2e sœur, sachant qu'on aurait été capables de lui faire "la gueule" pendant des mois. Moi, quand ma mère appelait et qu'elle commençait à râler sur tout le monde, dont moi, je lui raccrochais au nez. Savez-vous que, me voilà presque à regretter ses coups de fil intempestifs, coléreux. Le silence du téléphone, seulement interrompu par des indésirables, est presque pesant, pénible. 

Bref, pour en revenir au tableau de Lakevio, il ne me correspond point, il ne nous correspond point nous les 4 sœurs. Il m'est arrivé de m'allonger dans l'herbe avec ma 2e sœur, à l'adolescence, quand nous allions l'été à la rivière. Mais, à 3, encore moins à 4, ça n'est jamais arrivé..Si je me suis allongée dans l'herbe ou dans le foin, c'était avec un garçon. Mais, les garçons, devenus de vieux bonhommes ronchons, pas romantiques pour un sou, n'aiment plus s'allonger dans l'herbe avec leur vieille femme. Pourtant, je crois que j'aimerais bien ça encore.

Bref, cette sœur ainée, c'est à elle que nous nous confions tous, c'est elle maintenant qui est devenue la matriache, mon frère ainé étant décédé. Et, comme elle a un caractère facile, qu'elle n'a pas le côté sanguin de ses autres frères et sœurs, qu'elle est très bavarde, c'est facile de correspondre avec elle, c'est facile de se confier à elle. On sait qu'avec elle, si une parole est dite de travers, elle n'en prendra pas ombrage, comme certains autres avec qui il faut prendre des pincettes..Et moi, je n'aime pas le filtrage. Avec la 2e sœur, c'est beaucoup plus difficile. D'ailleurs, vous parlerai-je d'elle ? Je n'en suis pas sûr. Pourtant, quand j'étais plus jeune, c'est avec la 2e sœur que j'avais le plus d'affinités, même si celle-ci était beaucoup plus secrète que les 3 autres réunies.

Bref, sachant que ma sœur ainée passe me lire de temps en temps, je vais arrêter là mes confidences. Mais, vous voyez, je n'ai pas grand-chose à lui reprocher. Nous nous téléphonons régulièrement (plus souvent elle qui appelle que moi, certes, mais moi, c'est parce qu'une fois lancée, on ne peut plus m'arrêter. Je m'abstiens donc de téléphoner et puis, j'ai aussi mes humeurs, pas toujours roses. Quand, par exemple, c'est la guéguerre avec mon mari, je n'ai envie de parler à personne et ne décroche pas le téléphone. Je l'ai d'ailleurs fait souvent avec ma mère, de ne pas décrocher le téléphone. Mon mari, lui, décroche toujours. Il a eu de longues conversations avec ma mère, des conversations futiles ne parlant que jardinage, désherbage, graines, grosseur des poireaux., des carottes... Il m'a dit que, lorsqu'il allait dans son jardin, il pensait souvent à sa belle-mère, plus qu'à sa mère...Comme quoi, parler de tout et de rien souvent avec quelqu'un entretient les sentiments. Le silence, y'a pas pire finalement.

Bon, on verra si, demain, je vous parle des 2 autres sœurs. Je pense que, pour aujourd'hui, vous avez assez de lecture.

Ah, oui, hier, comme dit dans le devoir, j'ai lavé toutes mes vitres et tous mes doubles rideaux.  C'est le mari qui les a décrochés, qui m'a aidé à en repasser certains, qui les a remis. A l'approche de l'automne, comme du printemps, j'ai envie d'astiquer toute la maison pour affronter paisiblement la nouvelle saison.

Qui va astiquer désormais la maison familiale de notre enfance ! Le jardin, pas de problème, je pense que le mari essaiera d'y aller de temps en temps. Mais, y'a tant d'herbe à enlever et l'âge venant, la force physique va aller en diminuant. C'est que nos hommes se font vieux et un AVC est si vite arrivé. J'espère que nos enfants aideront. Quoique, dimanche, nous sommes allés nous promener au bord de l'Allier. J'ai vu les pompiers sur l'autre rive. Et, en lisant le journal hier, j'ai vu que c'était un homme d'une quarantaine d'années qui avait fait un AVC et qui en est mort. Comme quoi, la vie n'est qu'un fil ténu qui peut se couper quand on s'y attend le moins. Comme ma mère n'a pas vu, une heure avant sa mort, que sa vie ne tenait plus qu'à un fil...fil qui s'est rompu sans crier gare une ou 2 heures plus tard.

Regardez les tous les 3 se moquer - gentiment - du jardinier. Comme aux Ponts et Chaussées, un qui bosse, 4 qui se tournent les pouces.