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Cearriveenfrance
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Devoir du lundi : tango auvergnat

Devoir du lundi : tango auvergnat

La première chose qui m’est revenue quand j’ai vu cette image, c’est la voix de Tino Rossi.
« Le plus beau de tous les tango du moooonde… C’est celui que j’ai dansé dans vos braaaas »
Mais pas seeulement.
Mais vous ?
Que vous inspire cette toile de Mark Keller ? Un souvenir ? Un spectacle ? Un morceau de vie ?
Nous verrons bien lundi qui ce tango aura inspiré…
Espérant toutefois que le sujet ne fera pas peine à Alainx qui n’a pas pu danser le tango mais semble néanmoins très bien passé de la danse pour fasciner quelqu’un pour le suivre pour la vie.
À lundi donc…

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C’est une affirmation très originale qui a existé et qui trouve sa source dans les Annales religieuses du diocèse d’Orléans, en 1914, (rapportée par un journal bigouden !) qui estimaient avoir découvert l’origine du tango.

Pour elles, le tango était auvergnat.

Voici l’argumentation : il existait en Auvergne une danse considérée comme vulgaire que l’on appelait la dégognade (Madame de Sévigné en parle dans des lettres à sa fille et à ses amis). Compte tenu de sa vulgarité, elle a été interdite par le clergé local, puis est passée à Paris où elle a aussi été censurée pour les mêmes raisons. Elle passe alors en Argentine et revient sous le nom de tango [!].

Quelques explications : vers 1914, le combat était rude sur la question du tango. Partisans et adversaires redoublaient d’arguments, parfois facétieux et malins, pour appuyer leurs thèses. En l’espèce, pour comprendre l’argumentation pour le moins étrange, il faut avoir à l’esprit que le tango pouvait être combattu en totalité mais que parfois on distinguait le tango raffiné et élégant, du tango vulgaire. L’allusion à la dégognade n’est pas neutre. Cette danse qui a réellement existé est décrite par Fléchier dans les « les Grands Jours d’Auvergne », ouvrage dans lequel il distingue la bourrée de la dégognade. Au-delà de leurs cadences identiques, elles ont des figures différentes. La bourrée est gaie avec des figures divertissantes et agréables. Les départs, les rencontres et les mouvements divertissent et font un très bel effet. Au contraire, la dégognade est une danse, certes gaie, mais dissolue en raison de figures hardies et d’une trop grande agitation du corps. La danser c’était prendre le risque d’être excommunié. C’est exactement ce que l’on reprochait au tango d’où l’argumentation incroyable et téméraire qui repose presque sur un sophisme.

 Elle passe alors en Argentine et revient sous le nom de tango....

Et ouais, c'est donc à Vichy que le tango aurait été inventé, appelé auparavant - chinois - dégognade...Ouais, m'ssieurs-dames...La preuve, madame de Sévigné en parle quand elle venait prendre les eaux à Vichy...En c'temps-là, on ne connaissait de Vichy que ses thermes, voilà que maintenant, on va aussi la connaître grâce au tango...C'est-y pas beau ! Enfin, on va oublier ce satané gouvernement de Vichy.....

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Les eaux de Vichy

À Madame de Grignan.

Mercredi 20 mai 1667.

J’ai donc pris les eaux ce matin, ma très chère ; ah, qu’elles sont méchantes ! On va à six heures à la fontaine : tout le monde s’y trouve, on boit, et l’on fait une fort vilaine mine ; car imaginez-vous qu’elles sont bouillantes, et d’un goût de salpêtre fort désagréable. On tourne, on va, on vient, on se promène, on entend la messe. Enfin, on dîne ; après dîner, on va chez quelqu’un : c’était aujourd’hui chez moi. Mme de Brissac a joué à l’hombre avec Saint-Hérem et Plancy ; le chanoine et moi, nous lisons l’Arioste ; elle a l’italien dans la tête, elle me trouve bonne. Il est venu des demoiselles du pays avec une flûte, qui ont dansé la bourrée dans la perfection. C’est ici où les bohémiennes poussent leurs agréments : elles font des dégognades, où les curés trouvent un peu à redire ; mais enfin, à cinq heures, on va se promener dans des pays délicieux ; à sept heures, on soupe légèrement, on se couche à dix. Vous en savez présentement autant que moi. Je me suis assez bien trouvée de mes eaux, j’en ai bu douze verres. Elles m’ont un peu purgée, c’est tout ce qu’on désire. Je prendrai la douche dans quelques jours. Je vous écrirai tous les soirs ; ce m’est une consolation et ma lettre partira quand il plaira à un petit messager qui apporte les lettres, et qui veut partir un quart d’heure après : la mienne sera toujours prête.

Madame de Sévigné, Lettres choisies.


dégognade, synonyme de tango...