Cette toile d’Anne-Françoise Coloumy, à défaut d’être nette, me renseigne.
Ce n’est pas la première fois que je vous propose de raconter une histoire sur une toile de cette dame.
Cette fois, je vous en demande une autre à propos de la toile qu’elle a peinte et que je soumets à votre imagination.
Comme vous, j’espère en savoir plus lundi…
Vous ne me voyez pas, mais je suis bien là, à la fenêtre, en train de fumer ma pipe.
Ca fait des heures et des heures que je cherche un papier, oui mon testament que je veux modifier...Je sais l'avoir mis dans un livre, il y a bien longtemps, mais ma mémoire maintenant me joue des tours.
Pourquoi je veux changer mon testament ? Parce que j'ai un fils ingrat qui ne vient plus me voir, trop occupé à ce qu'il dit, même durant ses vacances. C'est tellement plus agréable d'aller passer ses vacances aux Baléares que venir voir son père dans un coin perdu du Berry, Berry, une région méconnue au coeur de la France, terre du Grand Meaulnes, terre de gastronomie, terre discrète, mystérieuse, terre de Jacques Coeur, terre de Marie, la petite paysanne de la mare au diable, terre de la petite Fadette....
Vous voyez la petite chaise blanche, et bien c'était la chaise de cet ingrat qui aimait pourtant, enfant, m'écouter raconter des histoires de sorcellerie. Les jeunes n'ont pas la même vision du temps que nous les vieux qui voyons le temps galoper à la vitesse d'un cheval au galop au Mont St Michel...Le temps nous file entre les doigts quand on vieillit. On voudrait le retenir quand on est heureux, mais c'est impossible, la pendule n'arrête pas d'avancer avec son tic-tac lancinant.
Je voudrais changer mon testament et donner la quotité disponible à ceux qui viennent me voir régulièrement. Il y a beaucoup de vieux qui font ça, privilégier untel ou untel, au détriment des autres. Y'a pas que les peoples qui font ça. Le temps perdu ne se rattrape jamais...Ca y est, je sais où j'ai mis ce testament, dans un roman de Proust, A la recherche du temps perdu... mais, voilà, dans quel tome ? Allez, ça presse pas, allons voir les canards dans la mare, arrive Médor...oui, le chien, vous ne le voyez pas, il est vautré sous la table, sur le tapis. C'est l'Albertine qui va pas être contente de nous voir revenir tout crotté. Oyé, j'ai trouvé le tome, merci Albertine.
Le roman est publié en sept tomes :
*****
Le narrateur, adulte, songe aux différentes chambres où il a dormi au cours de sa vie, notamment celle de Combray, où il passait ses vacances lorsqu’il était enfant. Cette chambre se trouvait dans la maison de sa grand-tante : « La cousine de mon grand-père — ma grand-tante — chez qui nous habitions… »
Le narrateur se remémore à quel point l’heure du coucher était une torture pour lui ; cela signifiait qu’il allait passer une nuit entière loin de sa mère, ce qui l’angoissait au plus haut point : « …le moment où il faudrait me mettre au lit, loin de ma mère et de ma grand-mère, ma chambre à coucher redevenait le point fixe et douloureux de mes préoccupations. » Pendant longtemps, il ne se souvint que de cet épisode de ses séjours dans la maison de sa grand-tante. Et puis, un jour, sa mère lui proposa une tasse de thé et des madeleines, qu’il refusa dans un premier temps puis finit par accepter. C’est alors que, des années après son enfance, le thé et les miettes du gâteau firent remonter toute la partie de sa vie passée à Combray : « … et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé. » Ce passage donna naissance à l'expression populaire « madeleine de Proust », utilisée pour qualifier un aliment le plus souvent, qui rappelle d'heureux souvenirs à quelqu'un;
Histoire qu'on se racontait au coin du feu, pour passer le temps et faire peur aux enfants, tout ouïe. Ca valait bien la télé.
La forêt de Chanteloube, près de la Motte-de-Presle, dans la commune de Mers, était tellement redoutée qu’on n’osait y pénétrer que pendant le jour. Dès la tombée de la nuit, ses profondeurs mystérieuses se remplissaient de bruits sinistres ; de lugubres fantômes glissaient le long des arbres, secoués par des forces invisibles. Si un malheureux, égaré dans ces lieux redoutables, était conduit par son mauvais génie vers la Fosse-du-Diable, il était forcé d’y rester jusqu’au jour sans pouvoir s’en éloigner, car il revenait sans cesse sur ses pas.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Dans une foule de localités du Bas-Berry, on retrouve vivace le souvenir de Gargantua, dont la légende, si populaire, est bien antérieure au héros de Rabelais. C’est Gargantua qui, en secouant la boue attachée à son sabot, produisit la petite éminence qui se dresse isolée dans la plaine de Montlevic ; c’est lui qui, venant de la capitale du Berry en une seule enjambée, laissa tomber le monticule qui s’élève près de Clion et que l’on appelle le Pied-de-Bourges ; dans la commune de Châtillon-sur-Indre, il a semé les Dépattures-de-Gargantua qui font suite au Pied-de-Bourges ; sur les bords de la Creuse, il avala un bateau chargé de moines ; précédemment il avait, dans les environs d’Issoudun, absorbé par mégarde sa nourrice en voulant la téter, et l’on ne retrouva la bonne femme que le lendemain, en changeant les langes de son nourrisson. Enfin la « horde vieille », habile à confectionner les « restrictifs », et qui « avoit réputation d’estre grand médicine, estoit venue de Brisepaille, d’auprès Sainct-Genou », pour assister Gargamelle lors de la naissance de Gargantua.
Qui ne connaît, au moins de réputation, la Chasse-à-Ribaud ? La Chasse-à-Ribaud ou à Baudet est un bruit qu’on entend à n’importe quelle heure de la nuit. On dirait un nombre considérable de voix de chiens de différentes grosseurs et, par-dessus tout, la voix forte et grave d’un gros dogue accompagnant par intervalles égaux, ce concert discordant. Cela vous passe au-dessus de la tête à une très faible hauteur, mais on ne voit absolument rien. Cela suit, de préférence, les bas-fonds, les prairies, les lieux solitaires. Tous ceux qui ont entendu la Chasse-à-Ribaud la dépeignent identiquement.
En avril 1879, un jeune homme des environs de Graçay rentrait le soir chez lui en suivant la route de Nohant, quand soudain il entendit au-dessus de sa tête entendit au-dessus de sa tête la Chasse-à-Ribaud, accompagnée comme toujours par la traditionnelle grosse voix qui domine toutes les autres. La chasse passait si près de lui qu’il baissa instinctivement la tête, craignant, dit-il plus tard, qu’elle ne lui enlevât son chapeau. Il n’osa pas regarder en l’air ; mais il entendit la chasse se diriger au-dessus du Marais et se perdre dans le Pré-Tambour, non loin du cimetière de Graçay.