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Cearriveenfrance
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Devoir du lundi : à quoi rêvent les pêcheurs ?

Devoir du lundi : à quoi rêvent les pêcheurs ?

En voyant « Le pêcheur à la ligne » de Renoir, m’est venue une question. 
Mais que peuvent-ils bien penser, l’un et l’autre.
Ou l’un ou l’autre.
L’une ?
L’autre ?
Tentez donc de pénétrer leurs pensées d’ici lundi.
Je vais m’y efforcer aussi.
À lundi…chez Mr le Goût

Imaginons que nous ne sommes pas en 1880, mais en 2020, la scène serait la même, madame en bermuda, monsieur en jean retroussé, madame un livre à la main, y jetant dessus de temps en temps un oeil, préférant admirer la rivière, humer l'air, et essayant d'apercevoir un poisson pour le signaler au mari, mari faisant partie des pêchailloux du dimanche - nom donné un jour par un as de la pêche, grand pêcheur sûrement, mais petite tête certainement -


- Jules, à quoi tu penses lui demanderait-elle ?

- à rien

- on ne peut pas penser à rien 

- si, je fixe le bouchon, c'est tout. C'est agréable de ne penser à rien, de se vider la tête après les évènements passés 

- heureusement qu'on en a terminé avec cette pandémie. C'est si agréable de partir en balade, sans attestation, sans avoir à remplir un papier. Heureusement que tout ça est derrière nous - qu'elle pensait en juin 2020 -

Et oui, Renoir ne pouvait pas savoir qu'en 2020, une pandémie dévasterait la terre. En son temps, Renoir ne pensait qu'à peindre des scènes bucoliques, paisibles de bourgeois endimanchés. Bien-sûr, il y avait eu la peste, le choléra, d'autres effroyables épidémies, mais vu qu'il fallait des jours et des jours pour se déplacer, les épidémies faisaient rarement le tour du monde en 80 jours.

Renoir aurait pu peindre notre couple moderne, elle, assise sur son fauteuil pliant, lui debout, attrapant religieusement le seul poisson imprudent égaré au bord de l'étang.

Renoir serait tout de même déçu de ne pas peindre une jolie robe à crinoline. Mais, madame portait tout de même un beau chapeau de paille. Renoir n'aurait pas pu peindre un chapeau sur la tête du pêcheur moderne, celui-ci détestant tous les couvre-chefs, madame insistant lourdement à chaque fois, le menaçant même parfois "si tu ne mets pas de casquette, on rentre".

Madame, assise dans son fauteuil, se sentait bien, ne pensait à rien non plus, ou alors rêvait peut-être au jeune paysan en face en train de faucher son herbe.

Elle se l'imaginait jeune, écoutant sa radio, paysan lui-aussi heureux en cette chaude journée de juin.  En voyant ce paysan sur son tracteur, elle pensait à la période des foins du temps de son enfance, l'âne "queue-queue" tirant la charrette, remplie à ras bord de foin. Elle se serait posée la même question  "mais, comment l'âne Queue-queue avait-il perdu sa queue, coupée à ras ?" Pas de pensée égrillardes je vous prie.

nota bene : Jamais vu autant de patience chez les pêcheurs, même ceux du dimanche. Un vrai amoureux de la pêche ne pensera pas à trousser dans l'herbe sa compagne. Réussir à détourner un pêcheur de son bouchon, c'est comme essayer de détourner un parisien de la Tour Effel.

Pourrons-nous retourner à la pêche en 2021 ? Peut-être que oui, peut-être que non, si on ne nous demande pas à nous les vieux de nous auto-confiner pendant des mois et des mois. Nous sommes mal barrés...Ce corona apparu il y a 1 an, a enfanté un an après, de petits poissons très contagieux, des variants qu'on les appelle, pas des vairons, qui commencent à se reproduire à vitesse grand V comme les rats et à se propager sur toute la planète. Pas sûr que Renoir trouverait l'inspiration en 2021. D'abord, il trouverait toutes les guinguettes des bords de l'eau fermées.