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Cearriveenfrance
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Devoir du lundi :  sacrés pêcheurs

Devoir du lundi : sacrés pêcheurs

Comme disait une chanson de la première moitié du XXème siècle à propos des baisers : Méfiez-vous des pêcheurs mesdemoiselles car il y a pêcheur et pécheur…
Je suis sûr que vous avez beaucoup de souvenirs des uns.
Ou des autres…
Je pense que nous aurons tous quelque chose à dire et à lire lundi…

Vendredi, monsieur le Goût nous a mis en ligne le devoir du lundi, pour faire travailler nos neurones. J'avais envisagé de vous raconter les fameuses parties de pêche de mon mari, un sujet inépuisable. Mais, c'était sans compter sur mon ordi qui a fait des siennes et sur l'actualité catastrophique dans le sud.

Comment faire comme si cela n'existait pas et parler en toute quiétude d'une paisible partie de pêche ! Il est vrai que Doisneau avait le don de saisir au vol nos petits instants de vie.

Comment occulter les images terrifiantes de la tempête Alex qui a déferlé sur les Alpes maritimes ?

Comment juxtaposer de paisibles images avec ces intempéries qui ont détruit des dizaines de villages ?

Comment imaginer que de paisibles torrents de montagne puissent ressembler en quelques heures à des fleuves en furie ?

Pat le Biker ICI avait programmé pour ce lundi un article sur Tende, un village qu'on a vu hier à la télé en partie détruit. Parait que c'est dans ce village qu'un cimetière a été emporté. Quelle horreur ! Pat le Biker a parcouru de long en large ces vallées qu'il connait si bien. Il y a encore de la famille..

Ses articles sont devenus des témoignages émouvants, paisibles d'un temps révolu, qu'il sera difficile d'effacer de nos mémoires, encore plus ceux qui ont été frappés en plein coeur. 

Comment de petites rivières, des cours d'eau peuvent faire tant de dégâts ?

La nature devient folle, incontrôlable. On va dans l'espace, on n'arrête pas d'inventer de nouvelles technologies, comme la 5G qui crée polémique, mais, en regard de ça, on est incapable de dompter la nature, de dompter des cours d'eau, de faire face à des éléments déchaînés. Comme quoi, la nature sera toujours la plus forte. On la détruit, elle se venge en force. Et puis, c'est bien beau la technologie, mais, dès qu'il arrive le moindre pépin, plus d'eau, plus d'électricité, plus de téléphone, on devient impuissant et on est hagard. Et là, on revient au bon vieux système. On puise l'eau dans les sources, on fait appel aux Cibis amateurs, aux bons vieux talkies-walkies, aux cordes tendues d'une rive à l'autre pour faire passer à pépé et mémé quelques victuailles. Vous savez ce qui me trotte dans la tête, c'est de me dire "et s'il y avait eu une centrale nucléaire dans ces vallées ?".

C'est si beau une rivière paisible, un petit torrent de montagne. C'est si agréable l'été de se réfugier sur ses bords pour rechercher de la fraîcheur et essayer d'attraper un petit goujon. Comment imaginer dans ces moments-là qu'on puisse en avoir peur ?

De tout temps, les hommes se sont installés au bord des cours d'eau, depuis des temps immémoriaux comme dirait Rahan. L'eau est source de vie. Sans eau, point de salut sur terre. On a puisé sans fin dans les nappes phréatiques. Depuis des mois, on priait le ciel pour avoir de la pluie.  On voulait de l'eau pour nos cultures, pour nos bêtes, pour arroser notre jardin, pour laver nos voitures, nos pieds, et, comme dirait le blogueur Ulysse mettre un peu d'eau dans notre pastis.  L'eau était prête à manquer. On a dû prier trop fort. Là, badaboum, on en a trop d'un seul coup sur notre tête.

Pour en revenir à la photo paisible de Doisneau, ce pêcheur qui s'entraîne bizarrement, j'ai pensé tout de suite à mon mari, ce pêchaillon du dimanche comme a dit un jour "un qui se prenait pour le roi de la gaule". "vous voulez que je vous donne un cours qu'avait dit ce prétentieux à mon mari ?" trouvant qu'il ne s'y prenait pas bien. 

Les parties de pêche avec mon mari sont pour moi, un bon moment de rigolade, et, j'avouerai, j'ai un peu d'admiration pour sa patience, sa constance à démêler ses fils pendant des heures...pour rien.

C'est la première fois que nous allions passer une journée en été au bord de l'eau avec nos 4 petits enfants - oui, même Gaby était là - J'étais contente d'avoir eu cette idée, mon mari aussi, hyper heureux d'apprendre à pêcher à ses petits enfants, tout en leur racontant ses parties de pêche quand il était enfant, un sacré pêcheur d'après ses dires, d'autant plus que ses gaules étaient de fabrication maison, une branche de noisetier et un bout de ficelle. Ses poissons ont grossi avec le nombre de ses années. 

 J'avais emporté avec moi mes mots mêlés, entamés et jamais finis, vu que je passe mon temps à regarder autour de moi. Finalement, au dernier moment, notre fille est venue aussi...Nous avons respecté bien entendu les gestes de distanciation, car, jamais il ne se fait oublier ce salopard de corona, même si, cet été, beaucoup ont essayé de l'oublier. Notre fille a demandé à ses enfants de passer du gel plusieurs fois sur leurs mains, surtout dès que le grand-père prenait leur canne à pêche.

Le mari a passé son après-midi à démêler les lignes des uns et des autres, vu que 3 sur 4 voulaient pêcher. Avec Gaby, ça a été le summum, Gaby à qui nous avons offert une canne à pêche pour son anniversaire - entre autre - Le mari prend autant de plaisir à aller chez Déca-thlon pour acheter hameçons et asticots, qu'à espérer en vain voir un poisson imprudent s'accrocher à sa ligne.

                                  Admirez l'élégance du geste. On dirait une danseuse s'élevant dans les airs.

Le mari a été d'une patience évangélique avec les uns et les autres. A 17h, toutefois, il a dit "allez, maintenant, laissez-moi tranquille, à mon tour de pêcher". Il s'était éloigné, pensant être tranquille. Je crois bien, il me semble, vous avoir déjà raconté ça. Tant pis, les mots ne doivent pas être les mêmes.

Tranquille, il l'a été, 1/2 h. Ensuite, tous sont allés le retrouver. Paraît même qu'il a vu une vipère d'eau lui filer entre les jambes - d'ailleurs, ce qu'on appelle vipère d'eau est en réalité une couleuvre - Il ne les aime pas sur terre, mais, dans l'eau, elles ne le gênent pas.

Résultat de la pêche, 0...Faut bien dire que ce jour-là, à la décharge de ces pêchaillous, il y avait beaucoup de monde dans l'eau faisant trempette, poussant des cris et s'aspergeant à qui mieux mieux. Les poissons ont dû attendre 19h pour pointer leur nez à la surface de l'eau. Effectivement, à 19h, ont commencé à arriver les pros, avec tout leur attirail, harnachés jusqu'au cou. Là, ça devenait sérieux.  Il était temps de plier bagage pour nos pêcheurs du dimanche. 

Pardon d'avoir oublié un instant les sinistrés du sud. Je ne dirai plus qu'une chose "tout ce qui ne me détruit pas me rendra plus fort"....ce que je souhaite aux sinistrés.