Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Cearriveenfrance
Cearriveenfrance
Menu
Petite virée dans le sud Morvan

Petite virée dans le sud Morvan

Samedi, nous sommes retournés faire un peu de nettoyage dans la maison de feu ma mère.

J'aime y aller quand il fait beau. Mais, je n'aime pas trop être à l'intérieur de la maison, tout est trop....comme avant. Ce samedi là, le temps était idéal, pas trop chaud, un temps comme j'aime.

Sur la route, pour une fois, du monde. Tout d'abord, devant et derrière nous les premiers visiteurs pour le Pal, parc d'attraction et animalier à Dompierre sur Besbre. Ca fait plaisir de le savoir rouvert.

Ensuite, passage à Bourbon-Lancy où la vie thermale va reprendre après 1 année d'interruption et le confinement. L'année dernière, elle avait été fermée suite à un incendie dans les locaux de soins. Et, cette année, rebelote, fermée les premies mois du confinement. Même les villages avaient l'air de reprendre un semblant de vie, avec les quelques vacanciers croisés, errant dans les rues désertes des villages.

Arrivés à la maison, nous avons vu que la cour avait presque retrouvé son état d'antan, l'herbe enfin domptée. Manquaient juste les géraniums sur les escaliers et on se serait cru comme avant. Les fleurs de la plate-bande n'avaient pas trop l'air de se plaindre de la solitude. Mon mari aime les tailler à chaque fois qu'il vient. D'ailleurs, je suis étonnée que le massif d'hortensias ait repris de la vigueur, vu la coupe au bol qu'il lui avait fait il y a à peine 2 mois.

J'ai monté la table dehors, sous le prunier, prunier rempli cette année de prunes comme il se doit. J'en ai rapporté de quoi faire une tarte, mais, elle est trop acide. J'aurais peut-être dû mettre de la poudre d'amande pour en enlever l'acidité.

 Vous l'avez vu le préposé aux fleurs, caché dans la plate-bande ?

Quand mon frère est arrivé, il s'est mis à faucher l'herbe....C'est la 3e fois depuis le déconfinement. On voit que c'est un expert.

 Les champs commencent à être grillés, comme l'année dernière. Quel changement à chaque fois que nous venons ! Mais, en même temps, c'est agréable de voir que la nature continue à mener son petit bonhomme de chemin, sans s'occuper des humains.

Une de mes nièces s'était invitée au dernier moment. Nous avons fait un bon repas, chacun ayant apporté des plats, enfin surtout ma belle-soeur qui n'avait pas lésiné. J'aime ces moments de grâce où personne ne cherche de poux dans la tête de l'autre, où le mari de ma nièce met de l'ambiance, un joyeux drille.

Bizarrement, dans le prunier point de guêpes dévorant les prunes. Par contre, elles commençaient à faire des nids sous les rebords des fenêtres. Elles-aussi ne doivent pas aimer l'acidité des prunes, qui soit dit en passant sont meilleures mangées directement sur l'arbre. Regardez, vous les voyez les prunes rouges ?

J'aime voir la maison revivre. Hélas, depuis le décès de ma mère, personne n'est venu y passer la nuit. Pourtant, il y a toujours tout ce qu'il faut. Rien n'a bougé depuis son décès. C'est ça qui me fait......m'attriste le plus. J'aurais aimé qu'on refasse une partie des pièces, qu'on change les meubles de place, qu'on donne un autre visage à cette maison, tant qu'elle n'est pas vendue, maison encore pas mise en vente, vu qu'un de mes frères y rechigne. Moi qui étais au début aussi contre, finalement, je me suis rangée à l'avis des autres, ayant envie que cette maison reprenne vie. J'aimerais bien qu'elle tombe aux mains d'une famille qui la remette en état, j'aimerais bien entendre des rires d'enfants, des aboiements de chien, des poules annoncer au monde entier qu'elles ont pondu. D'ailleurs, j'aimerais bien savoir pourquoi les poules chantent après avoir pondu. Vous le savez, vous ? 

Passons à un autre sujet. Nous étions aussi venus pour aller rendre visite à mon oncle, en maison de convalescence...Comment, en si peu de temps, peut-on changer aussi vite ?  Quand je pense qu'en octobre dernier, je vous parlais de notre visite à Nevers, à la séance de dédicaces de son livre. Depuis, le journaliste qui avait écrit ce livre est décédé, il y a peu...Et mon oncle, ma foi..

Sinon, nous sommes aussi passés voir mes 2 tantes dans le même bâtiment, mais secteur maison de retraite. Elles sont dans un service fermé. C'est la 1ere fois que nous entrions dans ce genre de service où les gens ne peuvent plus sortir, essayer de se sauver. Il faut montrer patte blanche pour entrer et un code pour sortir ; une prison à vie en somme. Mes 2 tantes sont diamétralement opposées. L'une te regarde avec un sourire béat figé sur ses lèvres. Son fils était là. La 1ere fois en 30 ans que je le voyais, un beau gars, sympath qui était à genou devant sa mère adoptive. Il la caressait et l'empêchait de piquer du nez. Je suppose qu'autrement, on attache les malades de la tête. Il nous a dit que le confinement, avec les visites interdites, avaient fait beaucoup de dégâts sur tous les résidents. 

J'ai demandé où se trouvait mon autre tante

- là, au fond, la dame assise bien droite.

J'ai tourné la tête et ai vu mon autre tante. Je l'ai reconnue. Elle était assise, bien droite, bien coiffée, la stature altière, les mains croisées sur ses genoux. On aurait dit qu'elle posait pour un peintre. Son visage était calme, figé, ses traits agréables à regarder,  rajeunie de 20 ans, elle qui approche les 90 ans ; la classe ! J'ai revu la belle femme, la belle parisienne élégante dont mon oncle m'avait dit peu de temps avant sa mort "c'était une femme trop bien pour moi, jamais je n'aurais dû épouser une parisienne, j'ai voulu épouser quelqu'un au dessus de mes moyens". Ca m'avait surprise, c'était bien la 1ere fois qu'il m'en disait autant, lui le taiseux. Cette tante aimait la vie, la mangeait par tous les bouts, aimait sortir, faire la fête, riait tout le temps, un peu fofolle même qu'on disait. Tout le monde l'aimait bien. Elle me faisait rire, elle faisait une drôle de paysanne. Elle te recevait avec plaisir, insistait même pour que tu passes à la ferme et puis t'oubliait aussi vite. Depuis qu'elle avait sombré dans un abîme sans fond, elle pleurait tout le temps. Maintenant, on dirait que plus rien ne peut l'atteindre. J'ai essayé de capter son attention ; rien. Sauf, juste avant de partir, elle m'a souri 10 secondes et est retournée dans son vide abyssal. Les visites ne sont autorisées dans ces services que de 15h30 à 17h30. A 17h35, on nous a priés gentiment de partir, vu que les résidents allaient passer à table ; à 17h45....

Quand on sort de là, on a l'impression de retrouver le monde des vivants. On avale une bonne gorgée d'air et on souffle. On pense "libres, on est libres". On a finalement hâte de tourner le dos au monde des morts-vivants. Serions-nous si égoïstes ? Où est-ce tout simplement la peur de finir de la même façon qui nous fait nous éloigner de ces lieux ? J'en remercierais presque dieu d'avoir éviter ça à ma mère et à ma belle-mère. Je me vois m'imaginer rendre visite à ma mère, mes 2 tantes, mon oncle dans cette maison de retraite...avec pour chacun une boite de pâtes de fruits Moinet..et eux, ne sachant pas qu'ils font partie d'un même clan ; flippant.

Bref, la vie est ainsi faite, elle va et vient comme un cours d'eau, tantôt paisible, tantôt fougueux, ravageant tout sur son passage et puis, reprenant son cours paisible, comme le ressac des vagues. Le Morvan est beau l'été. Là, c'est une photo prise il y a déjà 2 mois. Me demande d'ailleurs si ce n'est pas la même que je vous remets. Elle me plait cette photo, car c'est ça le sud Morvan, des prés vallonnés, des vaches paissant paisiblement, des fermes qui donnent de la vie dans nos campagnes désertes. Sans paysans, qui entretiendraient les haies, les prés ? Ah, ils les méritent leurs subventions européennes. Ce sont les gardiens de nos campagnes.