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Cearriveenfrance
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Un auvergnat est mort, Michel Charasse

Un auvergnat est mort, Michel Charasse

J'aimais bien sa gouaille, sa truculence. L'homme politique ? Ca, c'est une autre histoire, mais moi du moment qu'il était l'ami fidèle de Mitterrand, celui qui a toujours protégé la mémoire de son mentor et ami, "le gardien du temple", ça m'allait. Faut croire que c'est une des qualités première des auvergnats, la fidélité. Savez-vous qu'il a dormi parfois au pied du lit de mimi, le veillant, quand celui-ci souffrait de crises d'angoisse et voyait la faucheuse se rapprocher de plus en plus. Et oui, homme puissant ou petit peuple, tout le monde a peur de la peur. Mon mari connaissait surtout sa femme quand elle venait lui acheter quelques vêtements, une femme élégante. Ah oui, tenez, que je vous raconte un truc, que j'ai déjà dû vous conter sur un autre blog...Ce sera comme qui dirait mon hommage perso.

Mon mari était au chômage quand Mr Charasse faisait encore partie du gouvernement, peut-être ministre du budget. Un jour, celui-ci avait traité de fainéants les chômeurs - tiens, ça vous rappelle pas un autre, un truc du genre "z'avez qu'à traverser la rue pour trouver du boulot" ? -. Quand j'avais entendu ça, j'avais bondi. J'avais pris ma plus belle plume et j'avais envoyé un courrier à la mairie de Puy Guillaume pour lui manifester ma rancœur, oui, à Puy Guillaume, son fief, me disant qu'il devait moins y recevoir de courrier. Quelques temps plus tard, notre plus jeune fils avait appelé son père "papa, y'a Mr Charasse le ministre qui voudrait te parler"..Mon mari a cru à une plaisanterie. Non, c'était bien lui. Mr Charasse en personne qui venait s'excuser, il a dit que ses mots avaient été mal formulés, qu'il ne mettait pas tout le monde dans le même panier. Il lui avait dit qu'il s'occuperait de lui. Bon, il n'a pas été jusqu'à lui proposer une place dans son gouvernement. Remarquez, mon mari aurait pu être embauché comme "habilleur privé de Mr Charasse ou de Mr Mitterrand, y'en a bien d'autres qui l'ont fait, n'est-ce pas !

Disons que Mr Charasse a refilé la patate chaude à quelqu'un, qui l'a refilé à un autre et ainsi de suite. C'est comme ça que mon mari a atterri à faire la mise en rayon d'un magasin de surgelés qui allait ouvrir...Il a organisé le magasin, a tout mis en place. Au bout de 15 jours, n'ayant plus besoin de lui, on lui a suggéré un mi-temps. Un mi-temps pour un homme avec charge de famille. Dégoûtée, j'ai dit à mon mari "te reste qu'une chose, te mettre à ton compte, on a assez profité de toi". Et c'est ainsi qu'a démarré un ou 2 ans plus tard la nouvelle carrière d'un petit patron qui recevait ses premiers clients dans sa salle à manger et a, par la suite, fait la connaissance de madame Charasse. 

Le président Macron l'avait décoré de la légion d'honneur en janvier - hum, hum, pas bon quand on pense à te décorer quand on te voit mal en point - Quand nous l'avons vu dans la Montagne, nous l'avons à peine reconnu, il n'avait plus rien de commun avec le bon vivant un peu rondouillard des années précédentes. Nous nous sommes dits avec mon mari " et bé, a l'air d'être bien mal en point".

****En janvier dernier, l’actuel chef de l’État l’avait en effet reçu à l’Élysée, pour lui remettre les insignes d’officier de la Légion d’honneur. « Vous voilà de nouveau dans cette maison où vous êtes presque chez vous. Cette maison où vous avez servi un grand président, François Mitterrand, avec un dévouement formidable », avait déclaré Emmanuel Macron, au moment de le décorer. Un geste symbolique pour honorer la carrière de ce fils d’employé de l’imprimerie de la Banque de France, devenu ministre du Budget sous François Mitterrand.

Michel Charasse ou l'amour de L'Auvergne

Lors ce discours, l’époux de Brigitte Macron avait également tenu à saluer « la fidélité » de Michel Charasse, cet élu originaire du Puy-de-Dôme longtemps dépeint comme un électron libre. « Vous êtes resté parfaitement fidèle à sa mémoire (celle de Mitterrand, ndlr), devenant en quelque sorte le gardien du temple. Cette fidélité vous honore. Car en étant fidèle à François Mitterrand, vous avez toujours été fidèle à vos idéaux et à la France. Vous avez toujours été fidèle à vous-même. »